Pompiste, c'est pas un métier d'avenir...

Ca y est, je crois que je suis tombé amoureux. Mais vraiment amoureux.... Au point que j'y pense tout le temps, que je la quitte jamais, et c'est tellement fort et tout, et tout, que Maman m'a même laissé dormir avec...

ELLE, c'est une petite voiture.

Oh, je suis pas difficile, n'importe laquelle peut faire l'affaire à partir du moment où elle a des petites roues, et quelque chose qui ressemble de loin à un volant. Sans rire, ça devient de la folie : je me lève et je fonce à ma caisse à voiture, je me couche avec une voiture dans les mains, et le reste du temps je fais "vroum-vroum" avec ma bouche. Et on vous dit pas comme je me poile quand on s'approche des vraies, des grosses voitures de Papa (surtout Papa, la grosse voiture) et de Maman (bien plus petite la voiture, et plus... spartiate aussi).

Au point même que ça interroge Maman, cette histoire. Qu'est-ce qui fait que, si petit, j'aime que les voitures. Est-ce dans mes gênes de petit garçon, ou bien, sans s'en rendre compte, est-ce que mes parents m'auraient poussé à n'aimer que les voitures. Maman, ardente féministe, a toujours cru que le machisme et les trucs de mecs, c'était l'éducation qui les formait. Elle a fait bien attention à ne pas offrir à Margaux des jeux qui la conditionneraient dans son rôle de femme au foyer (pas d'aspirateur, pas de fer à repasser pour poupées)... Evidemment, la Margaux, dès qu'elle a su parler, elle a tendu ses petits bras potelés avec envie vers les rayons de Toys'r'us chargés de tous les trucs de ménage, et elle a eu la panoplie de la parfaite ménagère : cuisine, machine à laver qui fait du bruit quand elle tourne, fer à repasser, et même un balai... Mais bon, Maman a compensé : pendant que Margaux repassait les chemises de Ken, Maman lui répetait combien c'est important pour une femme d'être indépendante, pendant que Margaux faisait les machines de ses poupées, Maman lui rappelait que c'est dans le travail que la femme peut s'accomplir... Et ça a super bien marché : à 14 ans, Margaux ne fait plus rien dans la maison, elle ne touche aux éponges qu'avec un air de dégout absolu, et elle engueule son père quand il a pas lavé son débardeur blanc petit bateau, juste pile celui qu'elle voulait mettre demain, et que Papa a oublié de mettre dans la machine, misère de sa race. Dans ces moments là, Maman est contente, elle regarde sa fille avec fierté : elle se dit qu'elle a réussi, mine de rien, à faire progresser la cause des femmes dans le monde ! Alors, vous imaginez sa tête quand son fils, dont elle voulait faire le symbole même de sa cause, se roule par terre toute la journée avec des petites voitures. Elle a bien essayé de me piéger : parfois elle me tend des poupées, et tous les matins, pednant qu'elle se douche, elle me laisse jouer avec sa panière à maquillage ! Mais, ça change rien : je tord le nez devant la poupée, et je fais rouler ma voiture dans la panière pleine de rouges à lèvres et de blushs ! D'ici à ce que je me mette au foot...

Dieu merci, parfois, j'ai des accès de délicatesse...